摘自 法语法国
"Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur l’ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de vous retrouver dans ce lieu parce que pour les Parisiens, les briques rouges pourraient renvoyer à la place des Vosges et finalement, le vrai lien culturel est ici avec le musée Red Brick. Et donc, c’est un trait d’union encore davantage entre nos deux pays et je voudrais remercier, il était avec nous il y a quelques instants, je l’aperçois derrière la ministre, YAN Shijie pour son engagement. Merci infiniment Monsieur YAN pour avoir fait de ce lieu, ce vivier créatif depuis 2014 qui est devenu l’un des lieux les plus innovants de la capitale chinoise. On verra tout à l’heure les œuvres d’art, mais la première des œuvres d’art, ce sont ses propres murs, avec une composition architecturale si particulière, si singulière, alliant tradition et modernité.
C’est pour moi aussi l’occasion de vous retrouver toutes et tous et de pouvoir passer du temps avec vous et de dire peut-être quelques mots sur la culture et les initiatives que nous voulons porter ensemble. Et je dois dire, Monsieur YAN qu’en collectionneur averti et en humaniste investi, vous n’avez cessé de partager votre passion pour l’art contemporain et notamment les artistes français. Et donc, merci d’avoir fait de ce lieu aussi un trait d’union. On peut applaudir Monsieur YAN qui est là. Merci de nous accueillir.
Alors vous connaissez bien le festival Croisements pour y avoir présenté le travail de Tatiana TROUVÉ, de Laure PROUVOST, de SHEN Yuan qui est là avec nous, à nos côtés aujourd’hui et je veux la remercier d’être parmi nous. Parmi les travaux que vous avez aussi exposés, ce qui nous permet d’avoir une pensée amicale et émue pour Huang Yong Ping, évidemment, qui nous a quitté il y a un peu plus de trois ans, mais dont les œuvres ont laissé un sceau indélébile dans l’histoire de l’art contemporain chinois. Nous nous souvenons avec Huang aussi de cette magnifique dernière exposition à Paris. Donc si Xiamen Dada est toujours là, bien présent. Et je veux saluer d’ailleurs la présence aussi de WANG Du, YAN Pei-ming et de plusieurs autres artistes qui font partie de notre délégation. YAN Pei-ming est là.
En 2019 déjà vous aviez mis en lumière ici le foisonnement créatif de la scène française à travers une sélection de lauréats du prix Marcel Duchamp. Et je suis très honoré que vous récidiviez cette année par ce dialogue, cette fois entre artistes français et chinois, qui inaugure le festival Croisements, premier festival étranger en Chine. Et en effet, être parmi vous aujourd’hui, c’est parler de ce temps forts, de ce festival qui est une magnifique réussite et qui est en quelque sorte l’héritier des années croisées France-Chine 2003-2005, qui fêtent donc déjà leurs 20 ans.
Pour célébrer ce bel âge, la programmation de l’édition 2023 investira les piliers de nos partenariats culturels franco-chinois par cette exposition du musée Red Brick d’abord, également par la rétrospective Raymond Depardon, par l’Exposition Paris-Moderne 1914-1945 au musée PSA de Shanghai ou encore l’exposition “Surréalisme - une peinture de l’essentiel” qui est née de la collaboration entre le Centre Pompidou et le West Bund Museum que nous avions inauguré en 2019 à Shanghai, plusieurs qui m’accompagnaient déjà s’en souviennent.
Alors, je l’ai évoqué tout à l’heure en parlant à la Communauté française mais l’année 2024 sera une année importante à bien des égards, parce qu’elle permettra de célébrer aussi le 60ᵉ anniversaire des relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et la France. Ce symbole fort sera aussi l’occasion d’échanges, de projets culturels encore plus nourris : le château de Versailles organisera une exposition avec le musée du Palais à la Cité interdite de Pékin et je remercie la présidente d’être parmi nous dans cette délégation ; le Mobilier national, le responsable est aussi parmi nous, en partenariat avec Meet You Museum, présentera « Napoléon, les Palais disparus » dans quatre musées à Pékin, Nankin, Chengdu, Shanghai, ainsi qu’une autre exposition intitulée « Le Chic ! Arts décoratifs et mobilier français de 1930-1960 », à Shanghai. En France, la création chinoise passée et contemporaine sera également à Guimet, à Pompidou et dans beaucoup d’autres lieux. Je remercie aussi les dirigeants de ces établissements d’être là et donc, merci à cette équipe de France de porter les couleurs et aussi de construire ce cheminement, du Mobilier au château de Versailles, à Guimet, à Pompidou et dans tant de lieux culturels où les artistes chinois seront présents.
On aura aussi plusieurs tournées qui seront prévues : les Fourberies de Scapin de Molière, jouée par la Comédie-Française dans une mise en scène de Denis PODALYDES, ou encore la nouvelle version de Starmania, l’opéra rock de Michel Berger dans la mise en scène de Thomas JOLLY, qui s’occupera aussi des Jeux olympiques et paralympiques font partie de cette aventure.
Donc vous avez une floraison d’autant plus salutaire dès cette année pour 2024 que les derniers mois, oserais-je dire, les dernières années, je le sais, ont été ô combien difficiles pour nombre d’artistes pour ces échanges, parce que pendant la pandémie, les mouvements se sont arrêtés et les conditions pour travailler, pour créer ont été, je le sais, ô combien difficiles. Elles ont aussi inspiré beaucoup d’entre vous. Et donc, en quelque sorte, ça n’est pas simplement la continuation d’une histoire, mais ce sont bien des retrouvailles et peut-être la réinvention de relations passées que nous allons jouer avec, à la fois Croisements et puis ce que nous ferons en 2023 et 2024.
Alors, pour accompagner la reprise des échanges créatifs franco-chinois, trois nouveaux programmes vont être lancés dès cette année. D’abord, une résidence croisée d’artistes français en Chine et d’artistes chinois en France, avec le soutien de la fondation de Fondation Jonathan Choi et je veux vraiment le remercier. On peut l’applaudir. C’est un mécène historique de Croisements et de nombreuses institutions françaises. Et axé sur ce défi du siècle qu’est la transition écologique, ce programme justement de résidences croisées permettra d’accompagner les créateurs, artistes, designers engagés dans la transformation de la société, qu’il s’agisse de créer des imaginaires, de concevoir des nouvelles manières d’habiter notre planète.
Cher Jonathan, merci infiniment pour votre soutien sans faille à tous nos partenariats. Et au fond, c’est un trait d’union ce rendez-vous parce que vous financez donc ces résidences qui seront un des piliers de notre action.
Je retrouvais à l’instant HUANG Rui qui me remettait son livre et ses œuvres sur la guerre. Et il y a cinq ans bientôt, quand je venais et que HUANG Rui évoquait Cloud House qui allait disparaître, nous sommes intervenus, nous avons négocié avec le Président XI Jinping et vous avez accepté de racheter ce lieu extraordinaire pour en faire un centre culturel. On l’évoquait à l’instant avec plusieurs d’entre vous. Et donc revenir cinq ans après et voir en quelque sorte que ces rencontres fortuites que nous pouvons faire, ces engagements d’une vie d’artiste, confrontés parfois à la brutalité des temps et son absurdité, peuvent donner lieu à des formidables aventures humaines.
Quand il y a l’engagement des artistes, la générosité de certains mécènes et simplement quelques mots que les dirigeants acceptent d’écrire parce qu’ils ont été convaincus. Et donc merci aussi d’avoir sauvé ce lieu, Jonathan. On peut vous applaudir. Ce sauvetage étant fait, nous nous retrouvons en septembre prochain à Paris. Nous nous retrouverons pour l’inauguration du Hamo, futur espace du Palais de Tokyo, entièrement dédié à la médiation culturelle, l’éducation, l’inclusion par l’art avec vous, embarqués à nouveau dans cette aventure.
Et au-delà de ces résidences croisées, je souhaite qu’on puisse avancer, aller, Madame la ministre, vers ces projets de Villa Médicis proposés par la Fondation Choi et que nous puissions justement continuer de faire encore davantage dans ce moment de réouverture pour permettre aux artistes français et chinois d’échanger, de créer ensemble et d’avoir des lieux pour ce faire.
À cela s’ajoute une initiative aussi et un programme de soutien de la danse contemporaine pour intensifier notre enrichissement chorégraphique mutuel, en lien avec le Centre national de la danse, côté français. Et puis, nous investirons dans les métiers d’art et l’échange de savoir-faire entre nos deux pays avec l’aide en France, encore une fois, du Mobilier national, cher Hervé, et du Mobilier national et de l’Académie des beaux-arts . Et ce programme permettra à des artistes chinois de s’immerger dans l’écosystème de l’artisanat français, de découvrir nos manufactures, nos musées emblématiques et aussi d’être embarqués dans des programmes de création, je l’espère, inédits.
Alors je ne serai pas complet si je ne mentionnais pas aussi l’importance de plusieurs autres initiatives, et en particulier de l’imprimé dans nos échanges culturels. Symbole d’autant plus fort que c’est l’Empire du Milieu qui l’a inventé il y a 1 000 ans. Depuis 2013, la Chine est le premier partenaire étranger pour les éditeurs français et le mandarin, la première langue de cession de droits pour nos livres. Ils sont des centaines à être traduits chaque année, en particulier dans ce domaine de la littérature jeunesse où la France excelle, c’est pour nous une fierté. Et je veux à cet égard, saluer la présence ce soir parmi nous du fondateur des éditions Post Wave, Monsieur WU Xingyuan, qui y a largement contribué. Merci WU Xingyuan d’être là.
Il nous reste, en outre, à mieux faire connaître aussi notre cinéma contemporain. Alors il y a ici plusieurs immenses artistes, merci Guy d’être parmi nous, et nous avons la chance, grâce, et j’y reviendrai en parlant de Jean-Michel tout à l’heure, mais de revendiquer quasiment les plus grandes artistes chinoises comme étant pour partie françaises grâce à toi.
Je sais l’attachement des cinéphiles chinois à l’égard des ténors français du grand écran, nous avons aussi la chance dans la délégation d’avoir un ambassadeur parmi nous en la personne de Jean-Jacques ANNAUD, dont le magnifique Notre Dame brûle sera projeté demain en avant-première en sa présence et sortira ensuite partout en Chine. Merci Jean-Jacques d’être là.
Jacques MALATERRE est aussi parmi nous, qui a récemment travaillé pendant la période Covid. Et « l’Homme de Pékin » est en quelque sorte l’odyssée réinventée de l’autre côté du monde, quelques années après les premières aventures et je suis très fier aussi qu’il nous accompagne.
Le septième art, dois-je ici le dire, est dignement représenté dans ce festival puisqu’il est parrainé par un des acteurs chinois les plus emblématiques de sa génération, HUANG Bo, que le public français connaît très bien, entre autres grâce au Festival de Cannes de 2015 et à ses multiples films. Je veux vraiment remercier HUANG Bo pour avoir été un bâtisseur de longue date de la coopération franco-chinoise et d’avoir accepté de prendre sous son aile Croisements 2023. On peut l’applaudir. Lui redire qu’il est toujours le bienvenu en France, peut-être à l’occasion de la Foire « Paris + » et d’autres occasions.
Et enfin, comme ambassadeur de notre musique, nous sommes accompagnés d’un amoureux de la Chine à tous égards, Jean-Michel JARRE, aussi attaché que moi à la nécessité de recréer un champ de coopération musicale de premier plan, avec la reprise des tournées internationales et qui, justement, est le fer de lance avec plusieurs autres, Ubisoft et de nombreux autres artistes, startups françaises, chinoises et à l’international, qui portent cette volonté d’une création numérique de développer les contenus immersifs et qui, après avoir été un défricheur musical, est un défricheur, je dirais, du spectacle complet et de l’art complet et du metaverse et de tout ce qui va technologiquement avec et qui ouvrent de nouveaux champs d’exploration pour les créateur de nos pays.
Nos ministres de la culture y travailleront pour en faire un axe de coopération privilégié. Mais je veux ici dire combien nous croyons justement aux synergies qui existent entre le jeu vidéo ou la musique, le cinéma, le spectacle vivant, la littérature. Et ce sont précisément dans ces croisements, ces truchements, ces chemins de traverse, ce que la technologie peut apporter, que nous avons aussi des nouveaux chemins de liberté qui, si nous savons les saisir, permettront d’inventer et de bâtir un imaginaire commun et en quelque sorte, cher Rui, d’inventer, si je puis dire, la Cloud House de demain, celle où les nuages n’auront pas de limite et pourront, dans ces aventures immersives, s’inventer d’un continent l’autre.
Je sais votre attachement à tous ces défis artistiques, quel que soit votre secteur, à toutes ces interactions. Et donc être parmi vous ce soir, c’était vous redire la volonté de la France, pas simplement de reprendre, mais vous le voyez de lancer aussi de nouveaux projets, de nouveaux programmes dans la danse, la littérature, la création contemporaine, le cinéma, la musique, les arts immersifs pour ensemble, encore davantage dans ces temps qui sont troubles, essayer de bâtir un monde possible et habitable, c’est-à-dire celui où on a encore le droit de rêver. Et je pense que les artistes chinois et les artistes français ont sans doute quelque chose d’assez singulier à faire ensemble à cet égard.
Vos présences, vos parcours le disent. Nous aimons les grands mythes, dans nos deux pays. Nous sommes nourris d’un sens du beau et du bon. Ils viennent d’histoires différentes mais ce kalos kagathos que les Grecs nous ont cédé nourrit aussi très profondément la culture et la civilisation chinoise. Nous avons le même rapport à la création, à la liberté et je le disais à quelques-uns hier, il y a aussi la même importance de l’ironie et de l’humour qui, je crois, a permis en Europe d’inventer le roman et qui nourrit beaucoup du travail de nombre d’artistes chinois aujourd’hui.
Et alors que les temps sont lourds et qu’on voudrait refermer les espaces et qu’il y a comme une forme de logique implacable qui voudrait à nouveau séparer les continents, je crois que ces croisements -et l’évoquer dans cette rotonde de brique ouverte à tous les vents dit quelque chose-, sont exactement ce que les artistes permettent de faire. Même quand la fatalité est là, que le tragique des hommes revient et que des chemins voudraient se séparer, il y a toujours des femmes et des hommes qui rêvent, qui inventent, qui aiment et qui résistent. Je crois plus à ce chemin. Je vous le dis avec beaucoup de conviction et d’humilité et n’abandonnez rien de ce chemin. Modestement, nous ferons tout ce que nous pouvons pour vous permettre de créer, d’inventer, de semer, d’être subversifs, insolents, rêveurs, amicaux, de nourrir l’amitié entre la Chine et la France, entre la France et la Chine, mais au-delà de porter un message universel qui est celui précisément que doit porter l’art.
Merci à toutes et tous."